Pourquoi ce site a-t-il déménagé ?

Au commencement, Internet créa la liberté

Dès 1995, la découverte du web (avec Mozaic, pour les nostalgiques) m'a fait apparaître la construction d'un site web comme un média fantastique pour l'édition et la diffusion de mes propres poèmes.

En 1997, l'achat de mon premier ordinateur personnel m'a enfin offert cette possibilité. Sans trop me poser de questions, j'ai donc réalisé rapidement une page personnelle à l'aide d'un éditeur HTML "WYSIWYG". Cette page était alors hébergée, tout naturellement, sur l'espace "offert" par mon Fournisseur d'Accès à Internet, Infonie (FAI payant).

Mais très vite, les quelques mégaoctets disponibles sur Infonie se sont avérés trop maigres. J'ai alors découvert Mygale, une communauté indépendante de webmasters offrant gratuitement un large espace pour la diffusion de pages web.

Dans le même temps, le besoin de graphiques libres de droits m'a amené chez Xoom. Apprenant que Xoom était également un hébergeur gratuit, j'ai annexé une partie de mon site web chez eux, pour y publier quelques chansons.

Développant quelque peu mes compétences techniques, j'ai enrichi la "Gibus Home Sweet Home Page" en y incluant des éléments dynamiques (DHTML, javascript, etc.). Ici sont intervenus les premiers problèmes, mais ceux-ci restaient alors purement techniques (consilier un développement de pages web sur des plates-formes propriétaires incompatibles entre elles : Internet Explorer de Microsoft et Netscape Navigator).

Grandeur et décadence des fusions-acquisitions

En 1998, arrivèrent des problèmes d'une toute autre teneur. En effet, une bulle spéculative ne cessait de gonfler autours des NTIC (Nouvelles technologies de l'informatique et de communication). Les fusions-acquisitions se multipliaient. Et c'est ainsi qu'au "30 septembre 1998, MultiMania a procédé à une fusion-absorption de la société Aspic qui exploitait le service d'hébergement de pages web Mygale, le plus important à cette époque en France" (Document visé par la COB) entraînant la fin d'une communauté sympathique et indépendante et l'apparition des premiers bandeaux publicitaires obligatoires sur les pages hébergées par MultiMania.

Peu de temps après, NBCi (filiale interactive de la chaîne de télévision américaine NBC, elle même filiale de General Electric) rachète Xoom en 1999. La partie de mon site qui était hébergée par Xoom est fermée sans aucun avertissement. M'en apercevant bien plus tard, je demande une première fois à NBCi des explications qui restent sans réponse. Suivent plusieurs demandes jusqu'à la réponse officielle de NBCi : "Du contenu, situé sur votre compte, a été jugé en infraction avec les conditions de service de NBCi. NBCi se réserve le droit de clore tout compte violant nos conditions de service. Votre répertoire de membre de NBCi a été nettoyé et vos fichiers ne sont plus disponibles. Nous vous suggérons de vous inscrire pour ouvrir un nouveau compte sur NBCi."

Sans autre forme de procès, tout ce que j'avais créé sur Xoom a été détruit (heureusement, j'avais une sauvegarde à jour). Quelle faute ai-je commise ? Je ne le saurai jamais. Je suppose que le contenu le plus litigieux est la présence de fichiers audio, dans lesquelles je m'accompagne à la guitare pour chanter (tant bien que mal) des morceaux de Bob Dylan, Tom Waits, Mano Solo, etc. Je ne détiens certes pas les droits sur ces oeuvres musicales, mais un tribunal aurait très bien pu considérer qu'il s'agissait là de parodies, ce qui ne constitue pas une infraction aux droits d'auteur.

Le 18 décembre 2000 a lieu l'ouverture de l'Offre Publique d'Échange initiée par Lycos Europe sur MultiMania. Peu de temps après ce rachat, les bandeaux publicitaires augmentent de volume, se transforment en "popups" (petites fenêtres s'ouvrant automatiquement) de plus en plus envahissants dans la consultation des pages.

Devenu de plus en plus rigoureux dans l'écriture de mes pages HTML, je constate également que le serveur web de MultiMania/Lycos ajoute à chaque page du code incompatible avec les standards du W3C (World Wide Web Consortium, entité élaborant les standards du Web). Ce point devient gênant lorsque l'on sait que la plupart des problèmes techniques rencontrés auparavant (incompatibilité entre MSIE et Netscape Navigator) sont désormais pratiquement résolus lorsque le code HTML respecte les standards du W3C.

L'épisode final se situe peu après Noël 2001, lorsque je reçois un courriel de Lycos, m'informant qu' "après vérification de votre compte par nos services, il s'avère que celui-ci n'est pas conforme à la Charte de MultiMania. En conséquence, et conformément à la Charte, votre compte a été détruit automatiquement par nos services." J'ai beaucoup de mal à trouver une adresse à laquelle envoyer une protestation. Finalement (quelques échanges de courriels plus tard), j'apprends que mon erreur a été de déposer temporairement sur mon site des fichiers archives. Il est vrai que pour faciliter le transfert de fichiers entre mon bureau et mon domicile, il m'arrive parfois de faire transiter ces fichiers par l'espace disque de mon site web sur MultiMania. Par contre la taille de cet espace est théoriquement (c'est un des messages marketing de Lycos/MultiMania) illimitée et la Charte de MultiMania ne comporte pas d'interdiction sur ces types de fichiers.

Nous trouvons finalement un accord : j'accepte de ne plus faire transiter de fichiers archives par mon site sur MultiMania et en échange, Lycos ne ferme pas ce site.

Résistance

Suite à ce dernier épisode, je décide de déménager mon site web chez un hébergeur indépendant. Connaissant de longue date les aventures de Valentin Lacambre et d'altern.org, l'espace d'hébergement indépendant qu'il avait créé, je me renseigne sur les suites données au projet altern.org. C'est ainsi que je décide de faire héberger le Gibus Web Site, tel que vous le voyez aujourd'hui, chez l'Autre Net. Cet hébergeur se veut indépendant, non marchand et géré solidairement par ses utilisateurs. Pour plus d'informations sur la philosophie de l'Autre Net, je vous invite à consulter sa page d'accueil.

L'Autre Net est un hébergeur indépendant mais payant. Mais cette non-gratuité est justement un gage d'indépendance. Comment en effet imaginer la viabilité économique de tous les services internet, soit disant "gratuits" (tels que MultiMania/Lycos ou Xoom/NBCi) ? À un moment où un autre, il faut bien trouver des financements ! Ainsi, je ne trouve aucun problème à payer pour un service d'hébergement (chez l'Autre Net, le prix reste très raisonnable : 23 € par an) plutôt que d'avoir à subir des bannières publicitaires de plus en plus agressives et des politiques, menées par de grands groupes économiques, frisant le despotisme.

Qui plus est, l'Autre Net encourage la participation active de ses utilisateurs :"Partage de coûts, synergie de compétences, réflexion commune, responsabilisation des utilisateurs par la négociation et le choix sur la mise en adéquation des services avec leurs besoins réels, gestion transparente de la structure, incitation et soutien au développement de services similaires, évitement d'une logique de développement à outrance par le clonage systématique du service au profit d'une nouvelle structure au-delà d'un seuil critique de participants."

Cette philosophie renoue avec mes attentes d'un espace d'expression libre et active. L'internet se doit de garder un espace à l'écart des considérations purement marchandes, comme devraient l'être tous les média diffusant des oeuvres artistiques. Depuis son déménagement ici, le Gibus Web Site fait définitivement partie de cet espace.

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